Le zèbre et l’éléphant

Cela se passait à un point d’eau,
Lieu de partage des animaux.
Un zèbre, de blanc et de noir bariolé,
S’agitait sans pouvoir s’arrêter.
– Ami, lui dit le placide éléphant,
Aurais-tu été piqué par un taon,
Ne peux-tu donc boire sans cesser de t’agiter ?
– Hélas, dit le zèbre, je dois toujours bouger,
Je suis un angoissé, un éternel inquiet,
Dans la vie constamment aux aguets.
Tout m’est danger, même la tranquillité !
Pendant cette étonnante conversation,
Approchait un lion aux mauvaises intentions.
– Prends garde, dit l’éléphant au zèbre,
Des dangers ton agitation ne te protège,
Du lion, ne vois-tu pas le manège ?
À force de craindre partout le danger,
Tu ne le vois pas même arriver !
N’en est-il pas ainsi des humains ?
Ils s’agitent, ergotent, s’offusquent enfin
Et face au danger sont frappés de cécité.

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