Le Chêne

Racines enfoncées dans le sol,
Je fais des mélodies en sous-sol
Qui s’épanouissent dans le ciel
En branches providentielles.

Sous la pénombre que je distille,
Viennent s’allonger les amoureux,
À l’ombre de mes charmilles
Le regard tourné vers les cieux.

Sur mes branches loin du sol,
Les oiseaux font la farandole
Tels de joyeux funambules
Chantant de l’aube au crépuscule.

Je pousse si lentement,
Je ne me vois pas grandir,
Et pourtant j’ai souvenir
D’avoir été petit, il y a longtemps !

Il m’a fallu faire la guerre
À nombre de mes confrères,
Pour étendre mes branches au soleil
Et assurer ainsi mon règne !

Dire que je ne crains personne
Serait une faribole,
Face au feu, au vent, au bûcheron,
Je ne fais pas le fanfaron !

Prisonnier de ma puissance,
Il me faut souvent de la chance,
Pour déjouer la force du vent
Et survivre au feu dévorant !

Contre la croix fatale
Du bûcheron se promenant,
Il me faut être royal
Mais toujours pas assez grand !

Ainsi quelques siècles plus tard,
À nouveau de jeunes amoureux,
S’allongeant sous mon étendard,
Se souviendront de leurs aïeux.