Les oiseaux choisissent un roi

Les oiseaux désirant choisir un roi,
Pour être gouvernés selon sa loi,
Se réunirent en solennelle assemblée
Pour présenter chacun son tour ses qualités.
Chacun y alla de sa chanson,
Du plus petit au plus grand renom.
Le perroquet, aussi bavard qu’une pie,
Vanta sa mémoire à l’infini,
Répétant à satiété qu’elle était illimitée.
Maître incontesté dans son marigot,
Le coq, monté sur ses ergots,
Rappela son courage et sa volonté.
La pie, bavarde comme de coutume,
Fit valoir la vivacité de son esprit.
L’aigle, enfin sorti de la brume,
Mit en avant son talent aérien,
Sa force, son vol olympien.
Ainsi se succédèrent tous les oiseaux,
Vantant tour à tour leurs oripeaux.
L’assemblée, ennuyée d’entendre ces vanités,
Était prête à se séparer sans élire de Majesté,
Quand soudain parut le paon,
Œil étincelant, diadème sur la tête,
Queue ouverte, tout en conquête.
Le charme opéra,
Les oiseaux lui donnèrent leurs voix.
À la grande fureur de la pie,
Qui, se sentant trahie,
Souligna d’un air belliqueux
Que le paon n’avait d’autre mérite que sa queue.
Rien n’y fit, les oiseaux proclamèrent le paon roi,
Lui rendant hommage comme il se doit.

Beauté quand tu parais,
Prudence disparaît.


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