Le loup, le renard et le coq

Un jour, survint un conflit de territoire
Entre un vieux loup et un jeune renard.
La guerre enflait à tel point
Qu’il fallut trouver un arbitre
Dans une ferme d’un village voisin.
Tous les animaux refusèrent,
Craignant de l’un la fourberie,
De l’autre les mâchoires de fer.
Tous, sauf un, un coq jeune et fier
D’être monarque en basse-cour.
Devenu Président de Haute Cour,
Le coq convoqua dans une clairière
Loup, renard et appareil judiciaire.
Spectacle sans pareil où tout le monde accourt,
Que celui d’un Maître Coq tranchant
Un différend entre deux frères si puissants !
– Vous êtes, dit le renard au loup,
Beaucoup plus fort que moi.
Vous paraissez et toute la forêt est en émoi !
Vous chassez et gagnez à tout coup,
Pourquoi voulez-vous réduire mes États,
Comment mangerais-je en ce cas ?
– Vous n’êtes pas, dit le loup, sans armement,
Malin, solitaire, avec cela de la patience,
Qu’avez-vous besoin de tant de champs,
Ici, les poulaillers, c’est l’abondance !
La colère dans les deux camps menaçait,
Pendant que l’impatience du coq grandissait.
– Chers frères, dit-il, il faut trouver raison,
En faisant chacun quelque concession !
À ce mot, les deux compères
Furent saisis d’une folle colère,
Et, jugeant infâme cet arbitre,
Se mirent d’accord pour dévorer ce pître.
La vanité est mauvaise conseillère.
Prétendre concilier l’inconciliable
Peut s’avérer erreur regrettable.

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