Le renard et la panthère

Insouciant, un renard errait dans la savane,
Il musardait, pensant à la nouvelle proie
Qu’il saurait saisir au coin d’un bois.
Ce ne fut point une proie qui se présenta,
Mais une panthère qu’il rencontra !
– Quelle chance, dit-elle, de te croiser,
Cela m’évitera d’aller chasser !
Mon estomac est vide et me torture,
Ta présence ici est de bon augure.
Le renard, au cerveau toujours aussi agile,
Tint alors à la panthère ce discours habile :
– Toi, reine des chasseresses, en un instant,
Tu peux faire de moi une bouchée,
Me laisseras-tu la vie pour deux vérités ?
La panthère pensa qu’il pouvait être excitant
De reporter son déjeuner
Pour découvrir deux vérités.
– J’accepte, dit-elle, d’un ton presque impatient.
– Hé bien, dit le renard, la première vérité
Est que si tu étais si affamée,
Tu m’aurais tout de suite mangé !
La panthère dut en convenir,
Le contraire eut été mentir.
– Soit, dit-elle, mais tu n’es qu’à moitié sauvé.
– C’est juste, dit le renard, voici la seconde :
– Quand je vais raconter cette histoire
Aux animaux de la savane
Aucun d’eux ne voudra me croire.
La panthère fut bien décontenancée
De découvrir chez un renard
Un esprit aussi élevé,
Et dut remettre à plus tard
Un déjeuner à sa portée.
Un peu d’à propos face à la puissance
Peut sauver en maintes circonstances.

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