La fourmi obèse

En chemin, une fourmi trouva un paquet étrange,
À tel point qu’elle ne suivit pas la colonie.
Avec l’ardeur bien connue chez les fourmis,
De ses mandibules elle découpa des franges
Et se retrouva au milieu de petits cubes,
C’était du sucre en multitude.
La fourmi se dit : pas question de partager
Ce cadeau du ciel, je vais le cacher.
Chaque jour elle venait en cachette
Et s’offrait de belles lichettes
De ce sucre blanc si attirant.
Les jours passaient, la gourmandise redoublait,
La taille de la fourmi quintuplait.
Bientôt elle ne put entrer dans la fourmilière.
– Interdit d’agrandir le trou dirent ses congénères,
Qu’elle monte la garde, nos ennemis seront impressionnés
Par une telle montagne à l’entrée.
Cruel était devenu le sort de la fourmi,
Sans cesse exposée aux intempéries,
Empêchée de se mettre à l’abri.
De grosse, elle était devenue obèse,
Sans pouvoir cesser son manège.
De sucre enfin il ne resta,
C’en était fini de la fiesta.
D’obèse, elle était devenue difforme,
Nul ne la reconnaissait tant elle était énorme.
La colonie des fourmis avait fui,
Les ennemis aussi.
La fourmi, restée seule,
N’eut plus qu’à méditer sur les misères transmises
Par la dissimulation et la gourmandise.

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